Le travail de Nicola Lo Calzo et son projet "KAM"
Nicola Lo Calzo est un photographe italo-français, né à Turin (Italie) en 1979. Il vit et travaille entre Paris, la Caraïbe et l’Afrique de l’Ouest.
Depuis près de dix ans, Nicola Lo Calzo s’est engagé dans un travail au long cours autour des mémoires de la traite atlantique et de l’esclavage. Ce projet ambitieux, intitulé « Cham », le conduit à explorer les multiples formes dans lesquelles l’héritage de l’esclavage se transmet et relie le passé au présent. Il emprunte les routes de l’esclavage au Sénégal, Bénin, Ghana, Togo, Guadeloupe, Martinique, pour dessiner une géographie de la mémoire, une cartographie de pratiques culturelles, musicales, rituelles : autant de narrations de l’esclavage réappropriées par ses héritiers. Nicola Lo Calzo capture la vitalité créative et le présent de cultures nées dans l’esclavage, redonnant la place aux identités, en résistance à l’effacement et à la confiscation du récit. Il conjugue l’histoire et la mémoire, en matérialisant l’invisible et en accueillant un patrimoine immatériel, des archives vivantes d’une portée à la fois significative et sensible. Associant à ses images la collecte d’informations orales, il documente le processus de construction mémorielle dans l’espace public et le paysage contemporain et offre une approche sensible de réalités que le discours scientifique ne pourrait traduire.
Ces jeunes membres du groupe Mas Ka Klé perpétuent un imaginaire des communautés d'esclaves marrons en participant à une marche presque militaire en parallèle de la parade officielle du carnaval. En se réappropriant l’attribut du colon oppresseur qu’est le fouet, les membres de ce Mas renversent la violence de l’histoire pour marquer symboliquement les esprits. La roue tourne...
LO CALZO, Nicola (1979-)
Jeunes fouettards s’entraînant avant le carnaval Cité le Raizet,
Les Abymes, Guadeloupe, 2020
Tirage pigmentaire FineArt – papier Hahnemühle Baryta
Collection particulière de l’artiste
(c) Nicola Lo Calzo
Officialisée en 1862, La Caridad d’Oriente existe en réalité depuis l’arrivée de mis en esclavage créoles haïtiens avec les planteurs français fuyant les soulèvements de Saint-Domingue – qui aboutirent à l’indépendance d’Haïti en 1804. Ses membres sont notamment les gardiens d’une danse appelée « tumba francesa » (tambour français), au croisement d’une danse de salon française et les rythmes de tambour importés du Dahomey.
LO CALZO, Nicola (1979-)
Iliana, member of Tumba Francesa La Caridad de Oriente
Santiago, Cuba, 2016
Tirage pigmentaire fine art – papier HAHNEMÜHLE Baryta
Collection particulière de l’artiste
(c) Nicola Lo Calzo
Membres de la société de reconstitution Movement for the Success of the Image of the Heroes of the Independence, Destiné Marcellus et Adrien Jean Saint Vil incarnent ici deux héros de la révolution d’Haïti : le révolutionnaire devenu empereur d’Haïti et le colonel d’armée qui tenta en vain de le protéger lors de son assassinat en 1806. Une mémoire encore très vive sur l’île, que réincarnent les vingt membres de cette association. Lors de festivités ou de manifestations publiques, ils sillonnent les quartiers pauvres pour faire revivre la fierté et la joie de la révolution. Et la foule acclame ces nouveaux héros qui endossent même les noms des personnages historiques qu’ils jouent.
LO CALZO, Nicola (1979-)
Destiné Marcellus, alias Jean Jacques Dessalines et Adrien Jean Saint Vil, alias Charlotin Marcadieu Croix-des-Bouquets,
Haïti, 2013
Tirage pigmentaire fine art – papier HAHNEMÜHLE Baryta
Musées Beauvoisine, Réunion des Musées Métropolitains.
(c) Nicola Lo Calzo